Vendredi 1er avril : Open Lab 2

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Le Grand Paris Futur Lab se réinstalle à l’Atelier International du Grand Paris pour une seconde séance Open Lab. Nous avons le plaisir de prolonger les réflexions amorcées durant le workshop en permettant une rencontre entre les participants et les journalistes de Sciences & Avenir.

Quels thèmes et questions soulevées par les scénarios restent à explorer ? Quels exemples, recherches fondamentales, expérimentations, prototypes, signaux faibles et autres ingrédients pourraient nourrir ces visions d’un futur du Grand Paris à l’horizon 2165 ?

Rendez-vous le 1er avril 2016 à l’Atelier International du Grand Paris* pour en savoir plus, au programme :

> 14h Accueil
> 14h30-15h Présentation du workshop, méthode, installation et étapes
> 15h-16h Echanges d’informations entre participants et journalistes, travail sur table avec la possibilité d’utiliser le mur d’inspiration et le mur des hypothèses.
> 16h-17h30 Présentation et discussion autour des versions revisitées des 5 scénarios futurs (max. 20 minutes par groupe)
> 17h30 Cocktail ouvert au public

Au plaisir de cette prochaine rencontre,

L’équipe du Grand Paris Futur Lab 

*Palais de Tokyo : 13 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris. 

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Merci !

La semaine de workshop est finie et nous tenions a remercier chacun pour leur présences et énergies dans les cheminements temporels qui ont servis à développer les scénarios, allant du passé au présent puis jusqu’en 2165.
Merci à tous les experts ayant bien voulu se prêter au jeu durant la séance Open Lab de clôture pour leur écoute et leurs retours.
Tant par la méthode que par la diversité de vos propositions, il nous semble que cela a été un riche moment de réflexion sur le devenir du Grand Paris.
Il y aura certainement une suite, plus d’informations bientôt !

Bien à vous,

L’équipe du Grand Paris Futur Lab

RemerciementGPFL

Vendredi 5 février : Open Lab avec un panel d’experts

Pour clôturer le workshop, le vendredi après-midi est dédié à une séance d’Open Lab. Il ne s’agit pas d’un jury mais d’un moment de discussion sur les scénarios prospectifs de Paris en 2165 produits par les équipes. Le panel d’experts réunit pour cette occasion est composé de :

  • Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et Avenir
  • Chloé Vidal, directrice de recherche en Prospective chez Institut Destrée
  • Karine Hurel, chargée de mission « Intelligence spatiale & prospective » à la Datar, elle coordonne la démarche Territoires 2040
  • Sandrine Auger, responsable pédagogique du Centre Michel Serres
  • Philippe Estèbe, géographe
  • Thierry Gaudin, ingénieur et membre de l’association Prospective 2100
  • Marc Lecoq, directeur de projet du Centre Michel Serres
  • Karim Medjad, chaire de Développement international des entreprises au CNAM
  • Stéphane Cordobes, responsable de la prospective et des études du Commissariat Général à l’Egalité des Territoires
  • Véronique Volpe, chef de projet Thinklab, Région Ile de France

En préalable, la méthode avec laquelle nous sommes parvenus aux cinq prospectives de Paris en 2165 est détaillée. Cinq enveloppes qui contennaient des images d’un futur possible de Paris conçu par le passé avaient été constituées. Ces documents iconographiques ont été produits à une certaine époque et, les équipes ont tâché de les analyser, de découvrir leurs signifiants et de les replacer dans les contextes dans lesquelles elles ont été conçues. Puis, nous avons réinscrit ces projections dans le présent en transcrivant les thématiques issues de ces sources historiques dans les mots d’aujourd’hui employés. Dans cette perspective, transport devient mobilité, cybernétique devient smart city… Pendant cette étape il s’agissait d’être attentif aux signaux faibles identifiés à l’heure actuelle. Nous sommes alors arrivés à formuler des hypothèses, amorcés par les préposoitions “et si ?”. Les équipes en ont ensuite sélectionné trois à quatre sur le board commun à partir desquelles les cinq équipes étaient invitées à développer leurs scénarios.

Dans un esprit de laboratoire, ces différentes étapes ont été réalisées de manière collaborative à la fois au sein des équipes et à l’ensemble du groupe de participants. La spatialisation de la salle concourait largement au processus de projection dans le futur en mettant en scène des paysages de représentations dans un format d’exposition, qui ont ensuite servi de support aux étudiants pour développer leurs planches.

Dans le passage de la mobilisation de références historiques, à l’actualisation de leurs thématiques à la formulation des hypothèses, l’enjeu méthodologique sous-jacent était de tracer un continuum passé-présent-futur pour ancrer ce saut temporel vers cet horizon temporel lointain qu’est 2165.


EQUIPE 1
RTP – Réseau de télétransportation parisien
Victor Delpech, Leo Rio et Juliette Thoby

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Cette équipe travaillait à partir de l’hypothèse d’une généralisation de la téléportation à l’échelle du Grand Paris. Le scenario est raconté principalement à l’aide de fausses Unes du journal Le Parisien. Ces supports qui permettent de retracer la chronologie de la téléportation, sont appuyés par une cartographie schématique des stations de téléportation et du remplacement progressif des infrastructures linéaires par des espaces cultivés. .

En effet, avec le constat que la population de Paris croît à grande vitesse et qu’à l’heure actuelle, les franciliens passent en moyenne 28 jours/an dans les transports, la mise en place de la téléportation serait d’abord accueillie favorablement. Après l’invention du télétransport en 2099, les rues et infrastructures linéaires de transport seront progressivement débarrassées de tous moyens de transport (métro, bus, tram, voitures, etc) pour servir principalement à produire les aliments nécessaires à nourrir la population.

Les Unes retracent les moments clefs de ce développement :

2099 : La première tomate est téléportée grâce aux équipes de recherches du cluster technologique de Saclay.
2110 : Inauguration du premier télétransport de Saclay à Châtelet : le métro, la voiture n’ont plus de sens en IDF. Cergy, Torcy et Ivry restent les seules gares accessibles, à partir desquelles le réseau de télétransport se développe. Les grosses avenues sont devenues des champs. En regagnant le temps qu’on perdait dans les transports, marcher devient un loisir.
2121 : « On a doublé l’agriculture urbaine parisienne ! La télétransportation est une réussite ! ». Le monopole du Grand Paris dans le développement de la téléportation est doublé de celui de JC Decaux dans la gestion et l’implémentation de la technologie qui obtient un contrat d’exclusivité.  
2161 : Graduellement JCDecaux commence à introduire de la publicité subliminale dans le Réseau de Télétransportation Parisien, provoquant les premiers dysfonctionnements. En 2121 on estime à 100 000 personnes le nombre de disparus dans le RTP !
2165 : Après que le scandale des nombreuses disparitions ait éclaté, on arrête le RTP. Ainsi, plus aucune infrastructure de transport ni de télétransport ne dessert l’IDF… Cela faisait déjà 40 ans que les gens ne s’étaient plus déplacées d’un arrondissement à l’autre… Pour retrouver une capacité de résilience plusieurs modes de transports resteraient alors à réinventer.

Les questions et remarques des experts :

Sur les aspects liés à la logistique : avec la téléportation, que devient le dernier kilomètre pour la livraison, c’est-à-dire la mobilité des objets ? Quid des transports domicile/travail ?

Sur la dimension de la zone de couverture du RTP : avec la disparition des gares principales intramuros et le maintien exclusif des gares de Cergy, Torcy et Ivry pour connecter le Grand Paris au reste du territoire national, est-ce que ce scénario porterait à une saturation autour de la ville, en bloquant son développement ? Il est intéressant d’imaginer Paris sans les grandes gares qui transportent aujourd’hui les franciliens dans la métropole. Que deviendraient ces actuels points d’intensités ?

Sur la prise en compte de possibles réfractaires : Une des richesses du scenario, quels seraient les autres groupes possibles « contre le télétransport » ? Un possible mouvement des automobilistes, quels autres mouvements sociaux ?

Sur le parti-pris démographique : il serait intéressant de creuser la dimension socio-démographique du scenario. Quel positionnement possible face au vieillissement de la population ?


EQUIPE 2
Fluctuat nec mergitur
Jordana Abdelnaky-Hariss, Pierre Collomb, Camille Genoud

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A partir de la question cybernétique présente dans l’oeuvre de Nicolas Schöffer, le groupe s’est concentré sur son actualisation dans le présent : le développement du numérique. Ils se sont donné une forte contrainte : en conséquence d’un scenario plus pessimiste que le pire scenario du GIEC le Grand Paris serait atteint par une catastrophe naturelle majeure, l’élévation de 50m du niveau des océans Ainsi, le Grand Paris serait submergé sous de 20m d’eau. La capitale se reconfigurerait pour être divisée par les ilots principaux du Panthéon, de Montmartre, Ménilmontant et Saclay. Selon cette hypothèse, les limites administratives perdent tout leur sens et ces « hauteurs » de Paris deviennent des territoires repères. Le Paris intra-muros aurait donc irrémédiablement besoin de fonctionner avec sa métropole pour pouvoir exister… il n’y aurait plus l’actuelle dichotomie ville centre – banlieue.

Un fil chronologique est esquissé par des événements mondiaux : de 2016 à 2080 c’est la Néo Belle-Epoque. Durant cette période, en 2060, Venise disparait. En 2080, le niveau des eaux a augmenté de 10m, les Pays-Bas disparaissent en 2101. De 2080 à 2112 l’humanité connait la guerre du pétrole et en 2112 une guerre nucléaire bouleverse complètement le climat jusqu’à la fin de l’hiver nucléaire en 2130 où l’on assiste à la vitrification des sols et la disparition définitive des glaciers. En 2130 le niveau de l’eau est stabilisé à +50m., l’humanité s’interroge sur les conditions de sa survie, c’est le début de la période de la relève. Des récits biographiques viennent appuyer ce scenario en déroulant un rapport au temps au fil des générations qui subsistent malgré tout en 2165 :

Noe est l’un des premiers à avoir survécu à la catastrophe cherchant abri dans une tour phare. Il est le plus âgé des trois témoins et a vécu la transition. Pour contribuer à la recherche de solutions, il a depuis crée un nouveau matériau en carbone qui permet de tester l’hydrométrie.

Nicolas, son fils a quant a lui inventé la première ferme hydroponique, seul moyen pour continuer à vivre à Paris. Il n’a connu que l’époque post-nucléaire et s’y est adapté.

Enfin, le troisième personnage est un nanorobot. Il fait partie des multiples minis nanorobots ultralégers qui transitent dans l’eau et dans l’air selon le rythme naturel du cycle de l’eau. Ils permettraient de stocker les données sous l’eau ainsi qu’à 20m de hauteur au dessus de l’eau. Cela donnerait à voir un vrai nuage physique, un cloud, pour le stockage des données. Ils seraient reliés aux tours phares installées sur les hauteurs du Grand Paris. Ces tours relaient des informations aux habitants du Grand Paris.

Pour finir, les VIAH (Véhicule InterAquatique Habitable) seront les nouveaux logements partagés du Grand Paris. Dans ce Grand Paris en 2165, il n’y aura plus vraiment d’espaces privés, les VIAH peuvent se plugger les uns aux autres, être reconfigurés par l’assemblage de vaisseaux mère et d’habitacles. Suivant le signal faible du DIY, les gens pourront créer leur propre habitat autonome.

Les questions et remarques des experts :

Sur l’aspect démographique : combien y aurait-il d’habitants du Grand Paris dans ce scénario ? Avec la prise en compte de phénomènes mondiaux, Paris ne serait pas la seule ville à disparaitre, il serait intéressant de travailler le « stress social » qui serait produit, avec des mouvements migratoires certainement très importants.

Sur l’aspect économique : il serait nécessaire de clarifier la chaine de production matérielle, au-delà du modèle du fablab. Qu’est-ce qui serait fabriqué, quelles matières premières ? Paris serait-elle toujours une ville touristique ? Quel rapport au patrimoine ?

Sur la gouvernance : quel système politique pourrait organiser ce nouveau territoire grand parisien ?

Sur le rôle de la technologie : le fil rouge de la cybernétique de Schöffer serait à développer. Il serait intéressant de clarifier et développer les fonctions des nano-robots.


EQUIPE 3
CosmoParis
Nadir Ait Dir, Flore Bringaud, Michelle Pache, Noémie Papazian

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Au théatre faire la bascule signifie oser se laisser tomber en arrière. C’est un exercice de confiance et de lâcher prise. Plutôt que de faire un saut, l’intention de l’équipe est de réaliser une bascule afin de pouvoir travailler l’espoir et la confiance plutôt que la catastrophe. Il n’est pas aisé de penser un futur optimiste, la prospective de cette équipe se propose d’aller au-delà des peurs, pour revenir aussi sur le présent. Ici on imagine le passage d’un Grand Paris à un CosmoParis. Ceci repose sur trois postulats : pas de Grand Paris sans paix, une prise de conscience de la finitude du monde, l’actuel système de formation et d’accès à l’emploi ne fonctionne plus. CosmoParis s’intéresse donc à la place de l’homme, imaginant que dans un proche futur l’humanité arriverait à un moment d’épuisement généralisé. Comment sortir par le haut de ce burn-out global ?

En partant de leur référence au passé où la notion de flux était présente, le groupe a travaillé sur le concept de fluidité. Prenant en compte le changement climatique et la croissance démographique, cela se traduit dans le scenario par un focus sur l’innovation, le changement du système de travail et l’effacement des frontières. Et si dans le futur on se recentrait sur l’épanouissement de l’individu ? Le groupe a beaucoup travaillé sur les enjeux immatériels, porteurs de la plus grande fluidité possible. CosmoParis est une ville gazeuse, une large conurbation reliée à l’étendue urbaine hollandaise et s’étendant jusqu’à Bruxelles.

Dans le CosmoParis tout les habitants auraient un revenu de base, qui leur permettrait de libérer énormément de leur temps. Un peu de travail serait dédié à la production, notamment robotique car ce seront essentiellement des robots qui travailleront pour nous. Cela marquera la fin des transports domicile/travail ce qui induirait un mode de vie très local. L’occupation principale serait la participation à la vie de la cité et la formation tout au long de la vie dont le développement serait très lié au signal faible du community learning. Dans cette perspective, l’éducation serait elle aussi bousculée et les écoles seraient amenées à disparaître.

Il n’y aurait plus de système de clusters territoriaux car ils seraient diffusés partout. Du point de vue de la forme urbaine, la suppressions des revenus différentiels entrainerait la recherche d’une économie zéro. Il y aurait davantage de réemploi, à la fois à la petite échelle dans la réparation des objets du quotidien mais aussi dans la construction de la ville.

Le quotidien serait un temps continu, sans le rythme de la semaine, du weekend… Sans les éternels bouchons sur les routes et les autres conséquences liées aux rythmes de travail actuels. Ainsi, le quotidien du CosmoParis serait basé sur le choix de l’emploi du temps. Pour ce faire, on garderait la technologie pour pouvoir fonctionner par communautés. Comme dans les actuelles villes intelligentes de Chine et Corée, la technologie serait centrale mais différente, plus communautaire

Les questions et remarques des experts :

Sur le processus de mise en place du scenario prospectif : il serait nécessaire de préciser les étapes qui permettrait d’arriver à cet état, afin que cet univers soit désirable il est important de renseigner le processus de transformation qui porterait le monde actuel à devenir celui de ce futur. Quelles sont les étapes clés, les moments de ruptures avec le présent  ? Des frises temporelles pourraient probablement soutenir l’argumentaire.

Sur l’échelle du Grand Paris : la société décrite dans ce scenario semble largement privilégiée, quelle rapport au monde extérieur pourrait-elle avoir ? Il serait intéressant de traiter les effets de l’échelle du territoire, en particulier sur ses franges. Qu’est-ce que s’y passerait-il ? Quelles sont les limites à cette fluidité présumée ? Quelle vie pour les personnes n’habitant pas CosmoParis ?

Sur l’expression spatiale de la notion de communauté : à certains endroits y aurait-il encore des lieux qui symboliseraient la collectivité ? Si oui lesquels ? Quels devenirs pour le patrimoine urbain ?

Sur les enjeux économiques : pour renforcer l’hypothèse de la fin du travail il pourrait être utile de partir d’un « et si ? » plus explicite tel que la fin du système financier et boursier, la fin de l’argent tel qu’on le connait afin de travailler le scénario dans les détails à partir de là.


EQUIPE 4
Paris s’épaissit
Solène Leray, Nadia Mourid, Glenny Rodriguez et Théodora Fishkandl

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Cette équipe a travaillé à partir de la projection d’un Paris futur d’Albert Robida dans laquelle le ciel est largement occupé par les moyens de transports. Le groupe a donc développé cette notion de strates, de calques ou layers s’étendant dans différentes dimensions : des sous-sols aux toits et, en épaisseur, sur la perception de données invisibles à l’oeil nu. La troisième dimension, l’arrière des choses visibles est donc au centre de ce scenario. Et si on survivait au data déluge ?

Pour cette équipe l’accès à l’information reste aujourd’hui assez partiel, dans ce Paris épaissit, la possibilité est donnée d’imaginer un futur où l’information n’aurait pas de limite. L’usage du numérique et de la notion de ville augmentée seraient poussés vers un éloge de la transparence.

Si en 2016 les 50 000 employés de Google connaissent les premiers flous sur les limites entre temps de travail et temps de loisir, en 2165 ces limites seraient abolies. Le bénévolat serait donc valorisé, il n’y aurait plus de travail mais seulement des « activités » touchant différents domaines allant de la production à l’implication dans la vie politique de la cité. La monnaie disparait pour être remplacée par un système de « points ». Plus de carte de crédit, mais des citoyens engagés dont la participation à la vie citoyenne serait quantifiée et rétribuée. Les dispositifs tels que les budgets participatifs, votation en ligne et crowdfunding deviendraient centraux : on ne s’exprimerait plus selon une logique de démocratie représentative, pour des personnes et des programmes, mais selon une dynamique par projet.

La hiérarchie sociale serait dissolue car tout le monde aurait accès à l’information. A partir du signal faible du rôle prégnant des associations aujourd’hui, la notion de partage, d’économie collaborative et de circuits courts transformerait totalement le travail.

Il y aurait une mutualisation permanente des lieux de domiciliation avec des modes de vies nomades en rupture avec l’actuelle sédentarisation des individus. Face à la croissance démographique et avec l’hypothèse que l’épuisement des ressources ne permettrait plus de construire du neuf, il faudrait faire avec ce qui reste de la ville hérité et l’optimiser au maximum. Ainsi, les individus partageraient les logements sur les 24 heures, comme ils peuvent aujourd’hui le partager pour le week-end ou à la semaine avec Airbnb par exemple. Dans le futur, ce partage serait quotidien et géré par un échange de flux et de gestion du stock en temps réel. Paris se densifierait et tous les espaces inoccupés finiraient par être occupés. A partir de 2135 plus personne n’aurait d’adresse fixe.

Enfin, là où Albert Robida mêlait l’immatérialité de l’électricité à la matérialité du bâti, dans ce scenario l’immatérialité serait rendue perceptible par la visualisation de strates autres qui ne se donnent pas à voir aujourd’hui. Pour cela, les citoyens seraient équipés de lunettes spéciales qui leur serviraient à « voir au-delà du visible », à voir aussi l’immatériel, une couche d’information en flux continu telle une 5ème dimension. Cette perception augmentée masquera une ville bâtie intacte, quasiment à l’image de celle que l’on connait. Bien que l’accessibilité s’étende des sous-sols aux toits du Grand Paris et que les modes de vies seront très éloignés de ceux que l’on connait l’aspect de la ville n’aura finalement pas changé.

Les questions et remarques des experts :

Sur l’augmentation de la perception : Il pourrait être utile d’approfondir la question du regard qui donne à voir des aspects immatériels du réel. Cet élément clef du scenario serait à développer de manière plus détaillée pour enrichir la proposition. Quelles interfaces ? La même pour tous ? Quelles possibles dérives, quel contre-circuit social ? Est-ce que l’on perdrait totalement la capacité de nous concentrer, aspect qu’on commence à voir aujourd’hui avec l’emploi des nouvelles technologies ? Il y aurait-il de la démence digitale ?

Sur la dimension économique : la présence de monnaies complémentaires dans le scenario est très intéressante, elles peuvent induire des comportements individuels très différents. Prenant le Japon comme exemple, il y est aujourd’hui possible de prendre soin d’une personne agée vivant à côté de chez soi afin de gagner des « points » grâce auxquels quelqu’un d’autre pourra prendre soin de sa propre grand-mère lointaine.

Sur la dimension politique : Dans ce possible futur en 2165, le système politique serait-il toujours fondé une validation par obtention de la majorité ? Y-aurait-il des conditions d’accès à la participation ?

Sur les rythmes d’usages des espaces : il serait intéressant de mieux traduire cette hypothèse dans le scenario, quels emplois du temps des espaces ? A quelle cartographie changeante des usages cela pourrait-il produire ? Les écrits de Gaston Berger pourrait renforcer les lecture socio-spatiale et l’épaisseur temporelle proposée dans le scenario.

Sur la manière d’exprimer le scenario : les jeux de calques, la variété des matériaux de la planche traduit bien le discours et les différents concepts du scenarios.


EQUIPE 5
Hologramme, androïde, machine
David Bouillon, Xuan Liu, Florence Pinel

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En pensant à l’exemple de la Sagrada Familia à Barcelone, projet pas encore achevé dont le chantier a débuté en 1880, l’équipe s’est demandée si le Grand Paris sera accompli en 2165. L’iconographie initiale sur laquelle l’équipe a développé son scenario, trois illustrations par Biron-Roger crées pour le texte “Paris futur”, d’Octave Béliard publié en 1910 est présente dans le vaste collage qui résume le scenario de l’équipe.

Là où la mobilité exprimée dans ces images est tentaculaire, réticulaire et composées de grandes infrastructures linéaires, le point de rupture choisit par l’équipe sera aussi l’avancée technologique qui permettra à l’invention de la télétransportation et son développement généralisé à moindre coût. En contraste avec l’équipe ayant développé le scenario RTP, ici les stations seraient démultipliées et placées à domicile. De plus, il ne s’agirait pas littéralement de transporter physiquement le corps d’un humain d’un point A à un point B, mais plutôt de l’activation à distance de trois types d’avatars :
l’hologramme : pour les activités culturelles (cinéma, expo, etc)
l’androïde : pour aller à l’hôpital, pour nous déplacer
la machine : pour activités liées au travail

Du fait de ces multiples modes d’existence externalisés, la personnalité numérique sera déterminante dans la définition de l’identitié de l’individu.

Comme les points de départs de ces services affiliées à la télétransportation seraient à domicile. Il n’y aurait plus besoin d’aller dans l’espace public pour se déplacer, ces lieux structurants de la vie en ville tendraient donc à être requalifés. En effet, si les lignes de métro, voies de tous types, voire les trottoirs tombaient en désuétude l’espace aujourd’hui dédié au déplacement serait potentiellement cultivable. La ville s’habillerait de vert. Puisque on quitterait de plus en plus le rez-de-chaussée comme espace privilégié de déambulation, les bâtiments seraient liés entre eux par des passerelles. Dans cette hypothèse la nature prendrait progressivement la place de l’homme telle qu’on la conçoit aujourd’hui en ville. Les frontières bâties aujourd’hui par les modes de transport (métro, autoroutes, pistes vélo, périphérique, etc) ne seraient plus là.

Les questions et remarques des experts :

Sur l’identité numérique : pour activer ces avatars à distance, le scenario pourrait aborder la question du stockage de la mémoire. Comment aurait-on accès à ces robots et hologrammes ? Comment les activerait-on ? La notion d’avatar gagnerait à être approfondie. Pourrait-on être dans plusieurs lieux en même temps, activer plusieurs avatars ? Quel lien entre individu et avatar ?

Sur les conséquences sur la forme urbaine : Y aurait-il des « parkings de robots » ? Quelles conséquences sur les frontières physiques, pourrait-on activer des avatars situés n’importe où ?  Comment emploierait-on les souterrains s’ils ne sont plus exploités pour le transport ? Quelles conséquences les avatars auraient-ils sur la logistique urbaine ? Le scenario pourrait être renforcé par une qualification plus fine de la nature qui s’implanterait en ville : s’agit-il d’une nature cultivée, y a-t-il des endroits sauvages ? Quelle place prendraient les animaux, la faune ?

Sur les enjeux sociaux et la gouvernance : les effets de cette accessibilité à des avatars à partir de chez soi sur l’agencement social pourraient être développés. Quelles contestations, résistances ? Qui serait propriétaire des androïdes et machines ? La fiction pourrait être poussée pour entrevoir aussi les ruptures sociales qu’un tel Grand Paris pourrait produire.

Jeudi 4 février : Le Grand Paris en 2165 ?

MATIN

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Les équipes travaillent toute la matinée à développer les conséquences de leur « Et si ? » dans le cadre d’un futur Grand Paris en 2165.

Et si la ville devenait fluide ?
Et si tout était transparent et accessible ?
Et si le travail n’existait plus ?
Et si on pouvait se téléporter ?
Et s’il pleuvait tout le temps ?

APRÈS-MIDI

Avant d’aller plus loin dans le développement de leur scenarios, chaque groupe fait une rapide présentation aux autres des thématiques qui seront traitées, des hypothèses retenues et des principes de leurs scenarios.


EQUIPE 1
Victor Delpech, Leo Rio et Juliette Thoby
Iconographie initiale : Cartes postales “Paris Futur”, 1905

Et si on pouvait se téléporter ? Il s’agit de développer un scénario dystopique où la totalité des transports à l’échelle du Grand Paris finirait par se baser sur la téléportation. De la mxiité des modes de transport au monopole industriel d’une technologie dominante, la téléportation aurait lieu à partir de stations déterminées. Mais progressivement les utilisateurs commenceront à disparaitre. En 2165 la téléportation serait donc un échec et il s’agirait de repartir à zéro sur la gestion des infrastructures linéaires de transports qui tombées en désuétudes auraient été transformées en espaces verts et espaces agricoles.

Thématiques : transformation des espaces publics / privés, réseaux, modification de l’espace-temps, multiplicité et unicité des modes de transports.
Signaux faibles : mobilités douces, Paris capitale de l’innovation
Narration du scenario : couvertures de journaux datées dans le futur qui retraceraient l’histoire de la téléportation.

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EQUIPE 2
Jordana Abdelnaky-Hariss, Pierre Collomb, Camille Genoud
Iconographie initiale : Nicolas Schöffer, 1970’s

Et si l’espace public n’existait plus ? Et si il pleuvait continuellement et que Paris finissait par être irrémédiablement inondé ? L’hypothèse prise par l’équipe est une crue trois fois supérieure à la crue centenale. Et si seuls les points hauts de Paris étaient habitables ? Cela reconfigurerait la géographie de Paris, la ville serait obligée de s’étendre. Les communications devraient se réorganiser : bâtiments péniches, sous-marins…  

Thématiques : interface, DIY, numérique, changement climatique
Signaux faibles : numérique, crue centennale
Narration du scénario : cartographie des espaces immergés grâce à un outil de simulation sur Google Earth

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EQUIPE 3
Nadir Ait Dir, Flore Bringaud, Michelle Pache, Noémie Papazian
Iconographie initiale : Paul Maymont,“Paris Futur”, 1960’s

Et si c’était la fin du travail ? En échos aux tentes macro-structurelles de Paul Maymont qui fixaient des points d’intensité localisés dans le territoire urbain, une organisation communautaire locale se mettrait en place. A l’instar des flux de Paul Maymont il s’agirait ici de construire le Paris de la fluidité. La rémunération monnétaire sur la base du salariat serait remplacée par un système de rémunération des activités en fonction de leur bénéfice pour la communauté. A partir de la métaphore du burn-out l’équipe souhaite proposer de passer de “l’homme machine” à “l’homme citoyen XXL”. Le rapport au temps serait transformé, il n’y aurait plus ni semaine, ni week-end.

Thématiques : croyances, homme, environnement (gestion des flux, fluidité, circulation).
Signaux faibles : économie collaborative, communauté
Scénario : dessins, bande-dessinée à la manière de Yona Friedman

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EQUIPE 4
Solène Leray, Nadia Mourid, Glenny Rodriguez et Théodora Fishkandl
Iconographie initiale : Albert Robida, 1880-90’s

Et si Paris était transparent ? La ville deviendrait un flux continu d’information. La politique serait basée sur des projets. Une monnaie alternative existerait avec un système de points gagnés selon les actions ou décisions effectuées pour et avec la communauté. Si les toits devenaient des espaces publics, il faudrait savoir comment on pourrait se déplacer entre le haut et le bas et qui pourrait effectuer ce passage. Pour quelle raison aurait-on accès aux toits ? Et s’il n’y avait plus de propriété ? De plus, si le foncier devenait de plus en plus précieux et rare et que la démographie continuait d’augmenter que louerait-on ? Pour assurer cette gestion en flux tendu des espaces, les Grand Parisiens seraient des hommes et femmes augmentés par un dispositif technologique lié à leurs yeux.  

Thématiques : l’immatériel, le numérique, démographie et densité, pression foncière, ville sur la ville.
Signaux faibles : GoogleGlasses, data deluge
Narration du scenario : récit à la première personne, travail en coupe pour montrer les épaisseurs et les transparences.

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EQUIPE 5
David Bouillon, Xuan Liu, Florence Pinel
Iconographie initiale : Octave Béliard, 1910

L’équipe travaille elle aussi à partir de l’hypothèse de la téléportation. Cependant, dans ce cas les service de téléportation existerait dans des stations et directement chez les usagers. Mais il ne s’agirait pas littéralement de transporter leurs corps, la téléportation leur permettrait plutôt d’actionner à distance des occurences d’eux même : hologramme, androïde ou robot exécutant selon les tâches à réaliser. Dans cette logique de points, les lignes urbaines disparaissent. Les conséquences sur les infrastructures de transports linéaires utilisées actuellement seraient lourdes, leur transformation prendraient en considération le développement de l’agriculture urbaine. Dans ce retour d’un sol naturel en ville les bâtiments ne changeraient pas forcément.

Thématiques : réalités humaines, mouvement et mobilité, nature
Signaux faibles : télétravail, agriculture urbaine
Narration du scénario : collage sur une trame existante donnée par l’iconographie initiale.

 

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Mercredi 3 février : Du présent aux “et si ?”

MATIN

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Les équipes continuent de travailler sur les grandes thématiques du présent (mobilité, temps, société, forme urbaine, nature, technologie). Pour structurer l’ensemble ils posent des mots clés en rapport avec ces thématiques sur le mur des hypothèses. Des couleurs soulignent les rapprochements sémantiques entre mots du passé et mots de présent tel que « surproduction », « suspension », « insouciance », « innovation ».
Après les premières timidités face à la page blanche; le mur d’inspiration est maintenant largement nourri par la documentation réunie par les équipes. Le réseau d’images et de références gagne surface et en épaisseur tout en se structurant progressivement par la manipulation directe des mots-clefs et images.  

Exercice prospective 1 : Que sont les signaux faibles ?
par Raphaële Bidault-Waddington

En prospective, plusieurs méthodes existes. On peut s’appuyer sur des tendances lourdes ou être à l’écoute de signaux faibles. Les tendances lourdes sont des évolutions linéaires sans grandes variation. Les signaux faibles sont quant à eux des tendances émergentes qui existent de manière minoritaire ou embryonnaire. Ces tendances peuvent prendre de multiples formes et peuvent être appliqués à tout type d’activité : des arts de vivre, à l’émergence d’une technologie, au rapport au pouvoir, etc. Le passage d’une existence minoritaire du signal faible à son déploiement généralisé constitue une innovation de rupture.

Pour exemple, on peut identifier des moments forts dans le temps historique identifié dans les images sources. La période historique observée grâce à ces images débute dans les années 1880’s pour s’achever aux alentours des années 1970’s. Cela correspond approximativement à l’adaptation de la ville aux impacts de la Révolution Industrielle. On peut noter à ce sujet l’émergence d’un autre paradigme, le passage dans une période de Troisième révolution industrielle qui est notamment théorisée par Jeremy Rifkin. Bien que cette pensée commence à être connue, leur mise en pratique sur le terrain effectif de la ville reste largement à explorer. En cela, l’approche de J. Rifkin peut être envisagée comme un signal faible.

Dans un premier temps, trouver des signaux faibles peut relever d’une démarche intuitive sur ce qui semble novateur, porteur d’avenir. Celle-ci doit s’appuyer sur une connaissance des tendances actuelles qui demande à être nourrie par une veille régulière. Pour dépasser le stade de l’intuition, il faut ensuite contextualiser ces signaux faibles puis les croiser, les faire dialoguer. Durant le workshop, la contextualisation se fait par la discussion collective au regard du mur d’inspiration. L’exercice consiste à repérer des signes pour les interpréter au l’aune de la notion de signal faible.

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Voici sous forme de liste la majeure partie des nombreux thèmes abordés :

Les transports, les modes de déplacement, la mobilité

  • Évolution de l’échelle spatio-temporelle (temps / vitesse ; proche / loin)
  • Accès
  • Usages des transports
  • Coexistence de moyens et types de transport
  • Autonomie des transports
  • Service de transports

La technologie, la robotique, le numérique

  • Expérimentation
  • Immersion
  • Données
  • Vie augmentée, ville augmentée
  • Ville intelligente (Smart City)
  • Data déluge / démence digitale
  • Milieu numérique
  • Interfaces
  • Ubiquité / Identités multiples / synchronisation
  • « Ubérisation »

Le travail et le temps libre

  • Loisir au travail
  • Délocalisation
  • Gratuité
  • Fin du salariat
  • Auto-entreprenariat
  • Revenu universel
  • Tiers-lieux
  • Activité
  • Ludique

L’économie

  • Économie « collaborative »
  • Effets du capitalisme
  • Fin du salariat
  • Transformation du travail

L’environnement

  • Épuisement des ressources / limites
  • Climat / réfugiés climatiques
  • Agriculture / agriculture urbaine
  • Élevage

L’énergie

  • Quantité
  • Stockage
  • Réseau
  • Cloud
  • Synergie
  • Monitoring
  • Smart Grid
  • Internet Of Things (IoT)

La sécurité

  • Surveillance / contrôle
  • Sur-représentation de l’ordre
  • Production de contrôle (alimentation, énergie)
  • Confiance
  • Liberté
  • Etat d’urgence

L’humain

  • Démographie / surpopulation
  • Vieillissement de la population
  • Expérience de l’homme dans la ville
  • Expérience sensible
  • « Burn out » épuisement social
  • Politique / contrôle social
  • Stratégies de résistance
  • Traces / Transparence
  • Frontières / protection / conflits

L’éducation et la culture

  • Accès
  • Égalité

L’aménagement

  • Villes / ilots autonomes
  • Ilot de chaleur urbain
  • Structure radio-concentrique des villes
  • Villes nouvelles
  • Verticalité

APRÈS-MIDI

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Exercice prospective 2 : Développer des hypothèses “Et si ?”
par Philippe Durance

Après ce regard sur les différentes thématiques et leurs regroupements puis la réflexion générale sur la notion de signal faible, pendant 30 minutes les participants travaillent individuellement. De manière rythmée, ils rédigent individuellement des hypothèses futures à partir de l’interrogation « Et si ? ». Pendant une demi-heure, une frénésie de possibles. Les participants sont ensuite invités à déposer leurs propositions sur le mur des hypothèses. Par exemple : Et si il y faisait 10°C de plus ? Et si la capitale était Marseille ? Et si il n’y avait plus d’argent ? Et si Paris devenait totalement piéton ? Et si tout était possible de chez nous ? Et si on pouvait vivre 150 ans ? Et si la ville était un organisme vivant ? Et si on vivait sous l’eau ? Et si tout était instantanné ?

A tour de rôle quelques participants prennent un « Et si ? » et racontent la vision qu’ils en ont. D’abord une participante choisit « Et si on révolutionnait le travail ? ». Il n’y aurait alors plus de chômage, plus de système de côtisation. Le rapport aux autres serait valorisé dans l’entraide. Le sujet du revenu universel est abordé. Un autre choisit « Et si l’homme vivait éternellement ? ». Il n’y aurait plus qu’une seule et même génération, il n’y aurait plus reproduction. Mais dans quel état, à quelle âge serait-on figés ? Puis, quelqu’un choisit « Et s’il y avait une révolution ? ». Qui serait concerné par ce processus et comment ? Que serait une révolution avec les moyens actuels ?
« Et si les toits de Paris devenaient un espace public où l’on serait tous connectés ? ».  Qui serait en bas, qui serait en haut ? Cela pourrait-il changer, varier selon les activités ? Les trottoirs serviraient-ils de ferme agro-alimentaire ? Et s’il n’y avait plus de transports mais uniquement un réseau pneumatique ? Est-ce que la vie à l’échelle locale serait privilégiée ?
« Et si Paris était rasé ? ». Il ne resterait plus que la Seine. Comment réinventer la ville ? Serait-ce un nouveau territoire ? Quelle architecture serait choisie ? Les participants commence à imaginer un important travail sur la dépatrimonialisation…
« Et si on ne savait plus écrire ? ». Écrire c’est aussi transmettre, raconter et se raconter. Ne plus savoir écrire à la main signifierait-il ne plus savoir communiquer ? Est-ce que tout pourrait passer par l’œil. Et si le corps se transformer pour s’adapter à cette forme privilégiée de communication, les yeux deviendraient plus grands, les mâchoires plus petites…
« Et si tout était transparent ? ». Quel effet cela aurait-il sur le rapports entre sphères publiques et privées ?

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Mardi 2 février 2016 : Du passé au présent

MATIN

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Exercice 1 : découvrir des projections conçues par le passé 

Les cinq groupes constitués travaillent indépendemment sur les images qu’ils ont découvertes la veille en fin de journée. A partir de ces documents, des thématiques sont identifiées et des recherches documentaires viennent approfondir la connaissance du contexte de l’époque. Ainsi, textes et décrets, peintures, gravures et autres images photographiques viennent contrebalancer ou complêter les premier éléments graphiques identifiés. Selon l’ordre chronologique des sources, les équipes sont :  

EQUIPE 4

Solène Leray, Nadia Mourid, Glenny Rodriguez et Théodora Fishkandl
Iconographie initiale : Albert Robida, 1880-90’s

Ce groupe a découvert trois images de Albert Robida, datant de la toute fin du XIXe siècle.

  • La Sortie de l’opéra en l’an 2000 (entre 1882 et 1902)
  • Un quartier embrouillé (1892)
  • Paris la nuit (1883)

 


EQUIPE 1
Victor Delpech, Leo Rio et Juliette Thoby
Iconographie initiale : Cartes postales “Paris Futur”, 1905

Le premier groupe a découvert trois cartes postales d’un auteur anonyme, toutes élaborées à partir d’un photo-montage datant de 1905.

  • Paris futur, avenue des Champs-Elysées (1905)
  • Paris futur, place de la Bastille (1905)
  • Paris futur, Les Grands Boulevards (1905)

EQUIPE 5
David Bouillon, Xuan Liu, Florence Pinel
Iconographie initiale : Octave Béliard, 1910

Cette équipe s’est penchée sur trois illustrations de Biron-Roger produites pour la nouvelle « Paris futur » d’Octave Beliard parue dans le magazine Lectures pour tous en 1910.


EQUIPE 2
Jordana Abdelnaky-Hariss, Pierre Collomb, Camille Genoud
Iconographie initiale : Nicolas Schöffer, 1970’s

Ce groupe a travaillé sur trois photos de l’oeuvre de Nicolas Schöffer datant des années soixante.

  • « Le prisme » (1965)
  • CYSP 1 avec danseuse en écho à la performance chorégraphiée par Maurice Béjart (1956)
  • une sculpture automobile (1973)

EQUIPE 3
Nadir Ait Dir, Flore Bringaud, Michelle Pache, Noémie Papazian
Iconographie initiale : Paul Maymont,“Paris Futur”, 1960’s

Cette équipe a découvert trois images de projets non-réalisés de l’architecte Paul Maymont, datant des années soixante.

  • Un plan de Paris et de ses environs (1965)
  • Étude d’extension de Paris (1962)
  • Paris sous la Seine (1962-1963)

APRES-MIDI

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Le moment de la découverte des images datant du début du siècle ou des années soixante leur a permis de se plonger dans le passé, de saisir le contexte historique et social dans laquelle ces documents ont été pensés et produits, mais aussi de voir quelles thématiques proposent ces images, de quoi sont composés ces visions futures.

Chaque groupe accroche librement sur le mur d’inspiration les différentes images glanées pendant leurs recherches autour du passé. Placés sous les images sources, les documents montrant le passé sont visuellement classés par thématiques. Progressivement, des premiers thèmes émergent :

  • transport
  • société
  • temps
  • forme urbaine
  • nature
  • technologie

Exercice 2 : actualiser des sources historiques

A partir de là et pour la fin d’après-midi, il s’agit de réactualiser  dans le présent les thématiques trouvées. Comment le transport devient-il aujourd’hui un enjeu de mobilité ou encore le divertissement celui de loisir ? On procède à un premier saut temporel jusqu’à aujourd’hui. Puis, avec 2016 comme T0, il s’agira ensuite d’identifier les signaux faibles qui nouriront les projections pour le Grand Paris dans 150 ans.


EQUIPE 1
Victor Delpech, Leo Rio et Juliette Thoby
Iconographie initiale : Cartes postales “Paris Futur”, 1905

Thématiques dégagées du passé :

  • éléments urbains : Grands Boulevards, Bastille, Champs Élysées
  • forme urbaine : franchissement, passerelle
  • aspect sociaux : mixité sociale, époque de Paris capitale culturelle, un homme noir toujours pareil présent dans toutes les images (c’était le début des bibliothèques comme mode de représentation du vivant)
  • espace public
  • divertissement : les salons (le salon de l’aviation au Grand Palais)
  • transport : tout type de mobilités (transports en communs, bus, tramway, voiture) ; c’était l’époque du premier plan métro (1905) et le moment de transition entre la traction animale et le mécanique
  • le salon de l’aviation
  • chaos, ambiance burlesque
  • le medium : la carte postale, l’aspect collage

Thématiques actualisées dans le présent :

  • optimisation
  • temporalité du transport (mesurer l’espace par le temps)
  • proximité du lointain
  • expérience/vécu
  • notion d’échelle
  • dématérialisation

EQUIPE 2
Jordana Abdelnaky-Hariss, Pierre Collomb, Camille Genoud
Iconographie initiale : Nicolas Schöffer, 1970’s

Thématiques dégagées du passé :

  • éléments urbains : Tour Eiffel
  • forme urbaine : jardins suspendus, observatoire en cime, architecture comme sculpture
  • aspect sociaux : « le plastique c’est fantastique », c’est l’époque du boom économique et de la découverte de l’espace (satellite Sputnik1), époque du travail-loisir-repos
  • mathématique automatisée par les machines
  • cellule habitat
  • cybernétique : « Feedbach Mechanisms and Circular Causal System in Biological and Social System »
  • automatisme
  • information et communication
  • mouvement et vitesse

Thématiques actualisées dans le présent :

  • expérimentation
    • prototype
    • demonstrateur
    • DIY
  • numérique
    • information et communication
    • smart
    • digital
  • environnement
    • habitat
    • contexte
    • interactions
    • milieu

EQUIPE 3
Nadir Ait Dir, Flore Bringaud, Michelle Pache, Noémie Papazian
Iconographie initiale : Paul Maymont,“Paris Futur”, 1960’s

Thématiques dégagées du passé :

  • éléments urbains : Tour Eiffel
  • forme urbaine : affranchissement du sol, « no limit », c’était l’époque des villes nouvelles, du premier Plan Ile-de-France
  • aspect sociaux : le vivre ensemble (dans chaque tipi il y a 10 000 habitants), vision de « mini villes » qui se structurent par communautés, on traite la partie humaine par des flux, systèmes, etc
  • futur comme contre-proposition
  • conception de la ville au centre
  • mobilité
  • flux
  • capital humain
  • optimisme dans l’avenir
  • nature artificialisée, pas de notion d’impact de l’homme sur la nature
  • langage visuel de laboratoire, biologique, moléculaire
  • répartition de la densité
  • hauteur et sous-sol VS l’horizontalité

Thématiques actualisées dans le présent :

  • nature de l’humanité
    • évolution de la société
  • croyances
    • idéologie
    • spiritualité
    • éthique
    • rapport au temps
  • appréhension du monde
    • progrès
    • risque
    • scène mondiale
    • climat

EQUIPE 4
Solène Leray, Nadia Mourid, Glenny Rodriguez et Théodora Fishkandl
Iconographie initiale : Albert Robida, 1880-90’s

Thématiques dégagées du passé :

  • éléments urbains : Tour Eiffel
  • forme urbaine : seul élément urbain visible sont les services, pas d’industrie présente ni de nature (banque)
  • aspect sociaux : représentation sociale, la classe ouvrière naissante de l’époque n’est pas présente (1840 : première reconnaissance des syndicats et premières  lois sociales importantes). descente progressive à travers les images : plus c’est une représentation hors-sol, plus on observe une classe haute ;
  • transport : véhicules aériens « autonomes » et transports en commun ;
  • énergie : fils électriques ;
  • hors sol : pas d’infrastructure solide, monde acoustique ;
  • chaos

Thématiques actualisées dans le présent :

  • sécurité
  • foncier
  • travail/temps libre

EQUIPE 5
David Bouillon, Xuan Liu, Florence Pinel
Iconographie initiale : Octave Béliard, 1910

Thématiques dégagées du passé :

  • éléments urbains : Arc de Triomphe, Tour Eiffel
  • forme urbaine : surdimensionnement (ville pas humaine), grandes infrastructures, pas de nature
  • aspect sociaux : pas d’humains présents
  • histoire/modernité
  • le médium : gravure, style graphique, projection de NY sur Paris, mégalopole
  • nouveaux matériaux : acier
  • verticalité
  • horizontalité
  • suspension

Thématiques actualisées dans le présent :

  • temporalité
  • réalité humaine
  • mouvement mobilité
  • flux
  • diagramme
  • géométrie
  • perturbation/chaos
  • nature

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Lundi 1 février 2016 : le workshop commence !

MATIN

Présentation du workshop

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Les participants sont accueillis avec café, brioche et jus de fruit, puis après ce temps informel et convivial la matinée commence avec la présentation de l’équipe pédagogique et des outils mis à disposition des participants durant le workshop. Nous nous ’appuierons sur plusieurs dispositifs méthodologiques préparés en amont pour le travail collaboratif :

  • Le Lab-Book : un carnet de bord récapitalitif de la semaine où chacun peut noter hypothèses, problématiques, et avancement de chaque étape ;
  • Le Mur d’Inspiration : une grande surface en bois sur laquelle afficher tous les éléments qui nourriront notre travail commun de projection dans un hoizon futur ;
  • Le Mur des Hypothèses : une seconde surface en bois, où l’on mettra en discussion les hypothèses et des variables pour le futur (« et si dans le futur…. ») ;
  • Les cinq “Board” / tables de travail : ces espaces dédiés à chaque groupe seront utilisées comme surface de travail et deviendront le support principal du moment de restitution du processus de la semaine lors de l’Open Lab.

Et si l’on se projetait dans 150 ans ?

« Le saut que l’on va faire ensemble sera de 150 ans. Le futur est un espace de critique du présent et pour cela il est nécessaire que ce soit très lointain et pas une projection à 30 ans… ».

On pense trop souvent la projection à court terme. Ici, la projection sera un grand saut de 150 ans. Les projections d’aujourd’hui, notamment dans le monde de l’architecture, trouve leurs origines dans les années 1980 avec le développement de projets urbains qui remplacent peu à peu les schémas directeurs. Ainsi, le temps rétrécit de plus en plus, soit dans le temps ou dans l’espace. De même, projet et projection sont à différencier. La grosse accélération technologique, avec l’obsolescence et une transformation accélérée, semble nous empêcher de voir le futur lointain. Mais  notre vision du futur est-elle liée à des appendices technologiques ? Il faut aussi s’affranchir de la technologie pour penser le futur.

Il va falloir réinterroger le présent. Ainsi, nous commencerons d’un moment 0, aujourd’hui, et nous irons en avant et en arrière de 150 ans (passé haussmannien) pour comprendre la projection des imaginaires. La notion du temps est à prendre en compte. Ainsi, cela sera le défi que nous portons avec ce workshop. Quel Grand Paris en 2165 ?

Présentation des participants

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Afin de commencer à se connaitre et pour éviter le traditionnel tour de table en amorçant la logique collaborative du workshop, chaque personne se raconte en quelques minutes à un binôme. Puis, c’est celui qui a écouté qui restitue à l’ensemble du groupe cette présentation. Ensuite chaque participant pose l’image apportée pour ce premier jour sur le mur d’inspiration.

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Théodora travaille sur la résilience urbaine. Elle s’intéresse notamment à la notion de bien commun. L’image qu’elle a choisie : la première ville en transition, Totnes (Grande-Bretagne). Beaucoup d’initiatives citoyennes et locales se jouent dans cette ville, comme par exemple la mise en place d’une monnaie alternative.

Michelle vient des sciences de l’éducation. Elle sait regarder et écouter les autres et valoriser leur potentiel. Elle a un cabinet de conseil et est formée en prospective appliquée au développement durable. Elle place la formation et l’éducation au cœur de tout projet. L’image qu’elle a choisie : Schuitten. Dans cette image, l’humain est libéré de l’apesanteur, mais aussi de contraintes de matérialité (argent). Elle interprète les objets connectés dans un monde où la solidarité et la logique de don est possible.

David, architecte a fait un master à La Villette. Il a fait partie de la préparation à l’expo universelle de 2025. L’image qu’il a choisie : l’Expo Universelle de 2025. C’est une image liée à un temps court, 10 ans. Pour lui, il faut dans le temps des objectifs à remplir, des points d’étape.

Nadir a vécu dans plusieurs pays. Il vit actuellement entre Londres, Madrid et Paris. Il a été consultant en entreprise. Actuellement, il monte une entreprise liée à l’Arctique et s’intéresse au temps long entre entreprise, environnement et société. L’image qu’il a choisie : trois fragments du film Blade Runner,qui a lieu à Los Angeles en 2019.

Xian, doctorante en CIFRE à Michelin. Licenciée en ingénierie globale, elle a été journaliste à Pékin. Elle souhaite comprendre l’évolution de la société pour comprendre son adaptation à l’entreprise. L’image qu’elle a choisie : un dessin prospectif qu’elle a elle-même dessiné (vêtements tactiles, agriculture urbaine, etc).

Juliette a fait une licence d’histoire de l’art et s’intéresse à l’innovation et à la prospective. Elle a fait partie du centre Michel Serres, institut d’innovation où les étudiants travaillent pour une entreprise ou une communauté à un projet d’innovation. L’image qu’elle a choisie : Walking city de Archigram, réalisé en 1970 environ.

Nadia a fait une prépa littéraire et prépare un master de géographie, elle travaille sur l’économie circulaire. Elle a mené une enquête sur les nouveaux modes de vie au centre Michel Serres. Elle aimerait travailler sur l’hygiène de vie. L’image qu’elle a choisie : le livre L’haleine des faubourgs.

Camille prépare un mémoire sur la ville et le chaos et se montre très active dans les associations de  l’ENSA Paris-La-Villette. Elle souhaite faire un film dans le cadre de son master d’architecture. L’image qu’elle a choisie : un ticket de métro car pour elle c’est la mobilité qui importe dans le futur de Paris.

Pierre a fait un premier master 2 philo sur la désobéissance technologique à Cuba. Maintenant, il fait un master 2 recherche en design, media et technologie. Il s’intéresse aux enquêtes sociologiques et anthropologiques, ainsi que à la question de l’urbain. L’image qu’il a choisie : un Tetris qui symbolise l’assemblage du Grand Paris et les différentes strates de Paris susceptibles de disparaître avec le temps.

Jordana a étudié l’histoire, la science politique et la géographie. Elle a travaillé 5 ans en aménagement environnemental. Elle fait cette année un DPEA recherche de  l’ENSA Paris-La-Villette sur l’espace temps dans le métro. L’image qu’elle a choisie : une grille d’arbre parisienne. Elle attache de l’importance aux espaces d’interstice.

Noémie est Franco-suisse. Elle se définit comme une artiste. Après une école appliquée elle est actuellement en école d’architecture, en master à  l’ENSA Paris-La-Villette. Elle dessine des meubles à côté de son travail. Elle préparera une image pour demain.

Flore est architecte. Elle a enseigné à l’école d’architecture de Bretagne. Elle est actuellement en post-master recherche à l’ENSA Paris-La-Villette où elle travaille sur le développement économique. L’image qu’elle a choisie : deux danseurs du ballet national d’Allemagne. Elle cherche la légèreté, la fluidité (plus de portiques) et la liberté dans la ville de demain. Elle veut repenser la notion de travail.

Glenny est architecte. Elle est Péruvienne et arrivée en France en 2014. Elle a fait un master de développement social et urbain. Elle fait son PFE cette année à  l’ENSA Paris-La-Villette. L’image qu’elle a choisie : la carte des propriétés de Lucifer de Bernardo Secchi et Paola Vigano produite lors de la première consultation sur la Grand Pari de l’Agglomération Parisienne de 2008. .

Florence fait un master 2 de recherche en arts plastiques sur l’imagination et la réalité. Elle fait de l’illustration, de la gravure et de la peinture. L’image qu’elle a choisie : Lionel Sabaté.

Solène a d’abord fait les Beaux-arts à Aix en Provence. Elle a fait un DNAP à l’École de Versailles. Elle est en DPEA à la Villette sur les paysages de l’eau et la notion du risque. L’image qu’elle a choisie : Air de Paris, un readymade de Marcel Duchamp.

Victor a fait une prépa de design et d’espace, est en 5e année d’archi. Il adore la science-fiction, mais plausible. Lui aussi s’intéresse au bien commun. L’image qu’il a choisie : une toile d’araignée avec gouttelettes d’eau. Il l’a choisie pour symboliser l’interconnexion.

Léo a fait un bac S et un BTS commercial. Puis il a étudié l’histoire de l’art à Paris 1. Il souhaite travailler dans la communication. L’image qu’il a choisie : After disaster de Johannes Paul Raïter.

APRÈS-MIDI

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Qu’est-ce que la prospective ?
par Philippe Durance

La prospective n’est pas la futurologie. Le but de cet atelier est d’explorer des futurs possibles. Comme l’avenir n’est pas écrit à l’avance, tout est possible, d’autant plus quand l’horizon proposé est de 150 ans. Comment faire ?

Pour un thème donné, il y a une hypothèse tendancielle. Elle a une origine, elle est issue du passé. Voilà ce qu’il se passerait si rien ne changerait. C’est donc la continuité du passé.

La deuxième façon d’opérer est de repérer les signaux faibles ou faits porteurs d’avenir, c’est-à-dire les petits phénomènes, en se demandant si ces phénomènes mineurs devenaient dominants, jusqu’à constituer une rupture. Par exemple, l’effondrement des deux tours du World Trade Center le 11 septembre 2001 a été une rupture. La rupture montre qu’après, ce n’est plus comme avant. De là, il est possible de faire des hypothèses alternatives.

Le but de cet atelier est de distinguer des signaux faibles pour se rattacher à une réalité. Beaucoup de mécanismes empêchent de distinguer les signaux faibles. Quand un territoire fait de la prospective, celle-ci doit imaginer le territoire sous toutes ses dimensions et devient forcément globale. Pour appréhender cette globalité, on utilise l’analyse systémique.


Histoires du Grand Paris
par Nancy Ottaviano

On peut se poser des questions à travers les limites administratives de Paris et par conséquent s’interroger sur les questions de gouvernance où plusieurs acteurs institutionnels interviennent.

Voici quatre grands moments de l’histoire de Paris :

  • I. 1840-1860 Du mur murant aux fortifs
  • II. 1910-1934 Déclassement et extension
  • III. 1953-1977. Délimiter et organiser
  • IV. 2007-2016. De l’agglomération à la métropole

La question des rankings, entre celle des universités mondiales (Rapport Shanghai de 2005) et celle des villes mondiales (en 2008), influencent énormément l’histoire du Grand Paris. C’est la nécessité de relire Paris par certains indicateurs imposés ailleurs qui portent au saut d’échelle, aux limites du Grand Paris, aux réseaux de transport du Paris Express, etc. La question qui se posait sur le Grand Paris par les politiques était donc : suis-je capable de porter Paris au rang de ville globale ?

 


Présentation du projet de recherche prospective
« Paris Galaxies, une vision pour le Grand Paris »

par Raphaële Bidault-Waddington

Le Laboratoire d’Ingénierie d’IDées est une cellule de recherche artistique crée en 2000 afin de mener une analyse sur la dimension créative des organisations (entreprises, villes, universités, collectifs, etc.) pour leur donner du sens et les projeter dans l’avenir.  Pour chaque projet, le laboratoire conçoit des méthodes de recherches et des outils collaboratifs tels que la scénographie du Grand Paris Futur Lab (Mur d’Inspiration, Mur des Hypothèses, Boards, et LabBook).

Dans le cadre du projet “Paris Galaxies, une vision pour le Grand Paris”, mené au sein de l’Institut ACTE (Art, Création, Théorie, Esthétique), Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (+ programme Paris 2030, Ville de Paris), sont expérimentées différentes méthodes à chaque étapes du projet.

La première a consisté à  modéliser la métropole multipolaire et réticulaire en ayant recours à la métaphore des “constellations urbaines”. En s’inspirant des méthodes de représentation des astrophysiciens,   a été  crée un vaste diagramme conceptuel montrant les couches successives de la ville, leur univers de compétences et leurs rythmes de transformation :

  • L’arrière-plan, l’environnement urbain modelée par les architectes et urbanistes (ancré);
  • la gouvernance, l’architecture institutionnelle et l’agenda politique (lent);
  • le programme, les usages, l’écosystème de la vie en société (rapide) ;
  • l’immatériel, la mémoire, le numérique, le cognitif, l’imaginaire (volatile).

Ce canvas permet d’appréhender aisément et de se représenter mentalement la complexité du Grand Paris. Il est utilisé dans différents contextes pédagogiques (à retrouver dans le LabBook).

La deuxième étape (2013-14) a eu recours à une méthode prospective par “signaux faibles”. Celle-ci a consisté à repérer et analyser la “constellation artistique” du Grand Paris en créant une base de données de 300 “hotspots” au-delà du Périphérique, pour ensuite identifier 5 “vecteurs de transformation urbaine” et typologies de lieux ou usages porteurs d’avenir : les « hubs artistiques et créatifs » carrefours icôniques du territoire; les « communautés créatives » propices à la formation d’une innovation sociale et/ou d’une économie collaborative; les lieux d’expérimentation artistique comme nouveaux « livinglab »;  la re-conquête de l’espace public et la métamorphose des imaginaires urbains par les arts vivants et les usages éphémères; les lieux d’excellence artistique internationale à rapprocher des pôles de recherche de premier plan dans une politique d’attractivité internationale.

La dernière étape en cours, teste une méthode prospective par Design Fiction, qui consiste à mettre en récit des hypothèses futures pour mieux en saisir la pertinence. Dans ce livre à paraître, une série de grandes solutions, telles que l’idée d’accueillir les Jeux Olympiques 2024 et l’Expo Universelle de 2025, sont mises en scène ainsi que leurs répercussions sociétales à horizon 2030. Cet ouvrage synthétise également de nombreuses analyses prospectives menée par le LIID en France et à l’étranger ces quinze dernières années.


Pour une anthropologie du futur
par Alessia de Biase

Pourquoi l’anthropologie, qui est la science de l’homme, n’a jamais travaillé la question du futur auparavant ?

Pendant le XIXe siècle l’industrialisation commence à poser la question de la modernité. C’est en ce moment que les SHS émergent comme discipline. Quand la société commence à s’organiser sous forme de « contrat social», la sociologie s’approprie cette question alors que les anthropologues se concentrent sur le pré-moderne (autrement dit, sur les sociétés traditionnelles). Le présent constitue ainsi pour les anthropologues presque une limite disciplinaire. Puis, dans les années 80, un important tournant a lieu au sein des sciences sociales. On commence à avoir une anthropologie du présent, notamment en France avec Augé, Althabe, etc. le but était de travailler l’« ici et maintenant », que ce soit temporel et spatial. L’émergence du « présentisme » apparaît comme une conséquence de la crise environnementale et économique. Le futur n’existe pas et l’opérationnalité de la pensée devait se traduire dans le présent proche. C’est le moment du « No future ».

Ce n’est que dernièrement qu’on recommence à se projeter dans le futur (voir certains dispositifs comme « Paris 2030 »). Ainsi, l’anthropologie commence à se questionner sur sa capacité à pouvoir analyser les projections d’une société dans le futur. Qu’est-ce que l’on entend comme futur en termes anthropologiques ? Le but de ce workshop sera donc de se saisir du futur non pas comme une prévision mais comme un fait culturel. Le futur n’existe pas, il est une construction culturelle, une construction d’imaginaire. Ainsi, le futur devient un objet possible pour l’anthropologie selon trois facteurs :

  • l’imagination collective, qui amène aux imaginaires collectifs et qui se joue sur la reproductibilité sociale, ce que Bourdieu appelle « improvisation sociale » ;
  • l’aspiration, en termes d’espoir collectif, contre les formes de nihilisme qui avait fait rétrécir le futur au présentisme ;
  • la prévision, facteur qui a toujours été travaillé en anthropologie sous le prisme des prophéties.

Qu’est-ce qu’il adviendrait d’une société qui éviterait de se distancier du présent, de se projeter ? Le risque serait celui d’annuler tout regard critique, étant dans un approche d’émergence face au présent. F. Jameson, disait justement que la science-fiction ne sert pas à penser le futur, mais à mettre en critique le présent.


Constitution des équipes

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En fin de journée, les groupes sont formés à l’initiative des participants. Il sont assez hétérogènes de façon à respecter sur la multi-disciplinarité des participants. Il y aura cinq équipes : 3 équipes de 3 personnes et 2 équipes de 4 personnes. A une exception près toutes les équipes sont mixtes :

EQUIPE 1
Victor Delpech, Leo Rio et Juliette Thoby

EQUIPE 2
Jordana Abdelnaky-Hariss, Pierre Collomb, Camille Genoud

EQUIPE 3
Nadir Ait Dir, Flore Bringaud, Michelle Pache, Noémie Papazian

EQUIPE 4
Solène Leray, Nadia Mourid, Glenny Rodriguez et Théodora Fishkandl

EQUIPE 5
David Bouillon, Xuan Liu, Florence Pinel

Une fois les équipes formées, le moment est venu de découvrir le matériau initial à partir lequel ils vont travailler. En effet, cinq enveloppes sont tirées au sort et chaque groupe découvre dans l’enveloppe qu’il ouvre trois images.

Les cinq sources iconographiques montrent des devenirs possibles de Paris tels qu’imaginés à des époques différentes. Rangées par ordre chronologique de production, les sources présélectionnées par l’équipe organisatrice sont :

Albert Robida  (Equipe 4)
– La Sortie de l’opéra en l’an 2000, dans “Le Vingtième siècle”, circa  1882
– Un quartier embrouillé,  dans “Le Vingtième siècle. La Vie électrique”, 1892
– Paris la Nuit, dans “Le Vingtième siècle”, 1883

Auteur inconnu (Equipe 1)
– “Paris Futur, avenue des Champs Elysées”, Carte postale, 1905
– “Paris Futur, Les Grands Boulevards”, Carte postale,  1905
– “Paris Futur, Place de la Bastille, colonne du 14 juillet”, Carte postale, 1905

Paul Maymont  (Equipe 3)
– Perspective avec coupe détail du sous/sol, “Paris sous la Seine”, projet non réalisé, Encre de Chine sur calque 36,5 x 53 cm, 1960-1963
– Implantation, “Etude d’extension de Paris”, projet non-réalisé, Tirage sur papier, encre de Chine et collage sur tirage photographique, 39 x 39 cm,  1962
– Plan de Paris et de ses environs, suite à l’ ”Etude d’extension de Paris”, Dessin sur calque, 28,5 x 38,5 cm suite au projet, 1965

Octave Béliard (Equipe 5)
– Trois images issues de “Paris futur”, Illustration par Biron-Roger, dans “Lectures pour tous”, décembre 1910

Nicolas Schöffer (Equipe 2)
– CYSP 1 avec danseuse, écho à la performance chorégraphiée par Maurice Béjart, Festival d’Avant-garde de Marseille, Sculpture autonome, acier et aluminum, 1956
– SCAM 1, Sculpture automobile, 1973
– Tour Lumière Cybernétique, Sculpture monumentale, acier, aluminum, miroirs, projecteurs, composants électroniques…, 1963

L’analyse de ces sources iconographiques va servir à embrayer vers la production de leur image du futur du Grand Paris en 2165. Mais pour l’heure, la première journée du workshop s’achève.

Les inscriptions sont ouvertes !

Le Grand Paris Futur Lab ouvre ses portes !

Une vingtaine de participants seront sélectionnés parmi les étudiants inscrits au sein d’une institution de la Comue Hésam Université.

Les candidatures doivent être composées :
– d’un CV précisant les outils et logiciels connus (fichier pdf),
– d’une lettre de motivation (fichier pdf),
– d’une réponse (format et médium libres) à la question :
« Quelle est la place et le rôle du futur dans vos pratiques ?  »

Les candidats qui le souhaitent peuvent joindre un porte-folio à leur candidature.

Les questions ou demande d’information et les candidatures sont à envoyer à : grandparisfuturlab[at]gmail[point]com.

Le dépôt de candidatures est ouvert du 1er octobre au 7 décembre 2015.

Au plaisir de vous lire,

L’équipe organisatrice